Saga Twilight - Stephenie Meyer

Publié le par Aloysius

Ou "J'ai conscience de ne pas me faire que des amis". Vous allez comprendre pourquoi.
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Résumé :

 

Bella arrive au lycée de Forks la mort dans l'âme : elle quitte l'Arizona où elle vivait avec sa mère, remariée, pour habiter dans une petite ville pluvieuse dans le nord des Etats-Unis avec son père, célibataire et dépressif. Elle ne se fait pas à son nouveau lycée : ses nouveaux amis sont ennuyeux et pas aussi cultivés qu'elle, sa vie devient monotone... jusqu'à ce qu'elle rencontre Edward, un jeune homme de son âge, à la beauté inquiétante. Très vite, elle tombe sous son charme. Cependant, Edward n'est pas humain, il n'est ni plus ni moins qu'un vampire.

 

Critique :


[Pour un roman tel que celui-ci on ne saurait parler d'interprétation, puisqu'il n'y a rien à interpréter ; je me bornerai donc à une simple critique.]



Avec tout ce tapage médiatique autour de la saga, on aurait pu s'attendre à une quatrième merveille du monde, un renouveau dans la littérature et le registre fantastique. C'étaient des annonces publicitaires à n'en plus finir, des affiches du film à chaque coin de rue, des incitations à se doter des « Hauts de Hurle-Vent » et autres Jane Austen, qui, sagement rangés dans l'arrière-boutique des librairies, attendaient l'arrivée de Twilight sur le marché international pour connaître enfin leur heure de gloire (À prendre avec ironie.)
Je n'irai pas par quatre chemins : Twilight est une oeuvre surestimée, une soupe fadasse au romantisme mièvre, les deux protagonistes n'ayant pas la possibilité de tringler et se regardant pendant des heures pour combler le manque. Il s'agit de l'histoire simpliste d'un amour exclusif, platonique et superficiel narré par Bella à la première personne. Pour faire court, Twilight n'est en aucun cas un phénomène littéraire, mais ni plus ni moins qu'un phénomène de librairie.
Je me suis par ailleurs fourvoyée, ou tout du moins était-ce intentionnel : Twilight n'est pas plus fantastique que romantique (le romantisme étant un courant littéraire du XIXème siècle), car il n'en possède pas l'essence. Par comparaison au Horla de Maupassant, nouvelle certifiée fantastique, il présente une absence d'intrusion du surnaturel dans le quotidien et une absence de peur et d'incertitude. La présence des créatures fantastiques est peut-être la seule chose qui puisse s'apparenter au genre. Et seulement de loin, de très loin.
Pour doter ses romans d'un brin d'intérêt, Stephenie Meyer décide dès le premier tome d'introduire des vampires dans son récit. Certains me soutiendront Mordicus qu'elle en réinvente le genre, comme si Dracula avait besoin qu'on le déterre pour être relooké à coups de lentilles de contact dorées, paillettes et autres bigoudis dans les cheveux. On peut réinventer un genre sans pour autant le dénaturer, et c'est ce que fait si bien Matheson dans « I am legend ». Meyer, elle, choisit de faire de ses vampires des êtres dénués de dangerosité, végétariens, coureurs de marathon, scintillant à la lumière du soleil. Des vampires végétariens ! À la... lumière du soleil ? Les vampires ne sont-ils pas censés se désintégrer à la lueur du jour ? En quelques chapitres, l'auteur dévoile la pauvreté de son histoire dénuée d'originalité : un vampire bling-bling qui tombe amoureux d'une humaine tristounette. La belle affaire, d'autant plus que les deux ne peuvent pas exprimer leur amour normalement, l'un risquant de dégommer l'autre de par sa trop grande puissance. On reste donc là, pendant des chapitres, des tomes même, à attendre que monsieur daigne la transformer en vampire pour qu'ils puissent enfin vivre une vie de couple normale. Et il ne se passe rien. Pas d'action, pas d'intrigue, pas de suspens, rien. Enfin si, une petite bataille bidon à chaque fin de tome. Et puis c'est tout.
Ensuite, il y a encore une question que je me pose : quel est le message que veut faire passer Meyer dans ses livres ? Parce que, si l'histoire n'est pas originale, le livre doit bien avoir une utilité cachée, ou que sais-je, une quelconque signification métaphorique, non ? « Les vampires sont nos amis » ? « Mangez bio, à bas McDo » ? « La cuisine française et le sauté de chevreuil c'est délicieux » ? « La femme idéale est celle qui se fait sauter après le mariage à l'âge de 18 ans, battre par son mari après l'amour et qui tombe en cloque dans les semaines qui suivent » ?
Et là je vois déjà venir votre ultime argument pour défendre la saga : « Bon, d'accord, Stephenie Meyer n'a pas assuré sur l'originalité et sur la contenance, mais au moins c'est bien écrit. » Top, TOP ! Je vous arrête de suite ; dans le cas de Stephenie Meyer, on ne saurait parler de style, puisqu'elle n'en possède pas. Son écriture est fluide et simple. Je dirai même simpliste, si j'étais méchante. Pour vous faire une idée, un extrait de la page 11 du tome 3, Hésitation, nommé à juste titre puisqu'après m'être tapé les deux premiers tomes j'ai longuement hésité à le lire :

« Des prunelles noires que le désir forcené de me voir morte teintait d'un féroce éclat guettaient l'instant où faiblirait l'attention de mon protecteur ; l'instant qui marquerait à coup sûr mon trépas.
Quelque part au loin, dans les tréfonds de la forêt glacée, un loup hurla. »

Nada. Pas de chiasme, pas d'hyperbole, pas d'antithèse, pas de métaphore, pas d'assonance, d'allitération ou d'allégorie, en gros aucune figure rhétorique. Il faudra alors qu'on m'explique où se cache le prétendu style de Stephenie Meyer, car c'est bien entre autres sur ces foutues figures de style que repose la qualité littéraire d'une œuvre. Alors oui, son écriture est simpliste, voilà, je le dis. Simpliste car elle est à la portée de tout le monde, et qu'on ne qualifie pas une œuvre de littéraire avec pour seul argument que l'auteur emploit une grande palette de vocabulaire. Ah oui, parlons-en, du vocabulaire : « marmoréen », « Edward », « de marbre », « derechef », « glacé(e) », « grimaçai/a/aient ». Je suis sans voix.
Pour conclure, je vous invite à me donner vos impressions sur le livre, bonnes ou mauvaises ; quant à ceux qui ne l'auraient pas encore lu, c'est avec réserve que je le conseille : si comme moi vous avez tendance à prêter plus attention au fond qu'à la forme, vous serez extrêmement déçu tant par l'absence flagrante d'originalité et de contenance, le manque d'action et de suspens et la piètre qualité de la plume de l'auteur.

 

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K
<br /> Je suis tellement d'accord avec toi. C'est fou que les gens puissent penser que c'est de la littérature. En fait, j'ai été énormément déçue en lisant cette saga. La fin est d'une platitude.<br /> En conclusion, enfin un commentaire constructif quant à ces livres.<br /> Amicalement.<br /> <br /> <br />
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